L’immeuble haussmannien, héritage de la colonisation, pilier de la ville moderne algéroise, si peu adapté aux modes de vie méditerranéens. La ville moderne collée à la kasbah érige la différence architecturale en signe de la puissance politique. Mais l’habillage des façades témoigne de l’adaptation ou du détournement nécessaires pour que cet habitat soit vivable sous ces latitudes. Ces draps, aux couleurs assorties aux volets bleus, témoignent de cette appropriation et habillent la ville de touches poétiques. Ces tissus ont une grande force : ils flottent comme des drapeaux citoyens. Ils témoignent de la vivacité des habitants à rechercher le confort, tout en visant une harmonie, qui rend la ville plus belle encore. Ils affirment la tradition en rendant invisible l’intime. Ils restituent la coupure entre le dehors et le dedans. Et claquent au vent comme une allégorie d’un mélange culturel réussi.