Voyage ACAD à Copenhague, du 28 septembre au 1 octobre 2023.
Quelques impressions à la volée….
Bénédicte de Lataulade, sociologue
Socio en Ville
Une ville aérée, avec plus de cyclistes que de voitures… Un mélange de ville ancienne et très moderne. Peu de bruit, peu de foule, beaucoup d’eau, beaucoup de verdure. Une ville « douce » à vivre, extrêmement confortable.
Le hyggelit ou art danois du « hygge » fait référence à style de vie basé sur un sentiment de bien-être, une humeur joyeuse et une atmosphère intime et chaleureuse. Le hygge prône un état d’esprit positif, permettant à chacun de trouver sa place dans la ville et dans la société.
Nous, français, avons a priori un avis très favorable sur ce petit pays coincé au centre de l’Europe : écolo, un système de redistribution performant, innovant… au point que le « modèle danois » soit une réelle référence pour la politique française. Ce modèle s’appuie sur diverses mesures politiques et expérimentations sociales. Sur le plan économique il combine sécurité de l’emploi et flexibilité des contrats, c’est-à-dire une certaine facilité à embaucher et à licencier. En matière d’innovation sociale, ce modèle a initié les jardins partagés, les quartiers autogérés, les expériences de cohabitation diverses, les coopératives jusqu’aux écovillages intégrés les plus récents.
Oui mais… ? Premièrement, le modèle danois n’est pas transposable chez nous. C’est un modèle qui s’applique à un pays de 6 millions d’habitants, où il n’y a pas de chômage, et où la densité de population est de 131 habitants/km² en moyenne.
Deuxièmement, des approches empiriques et par-delà, si l’on se réfère aux films de Lars Von Trier puis de Thomas Vinterberg, (Drunk, La chasse, La Communauté, Festen…), ceux-ci laissent entrevoir que les intérieurs danois ne sont pas tous aussi vertueux que ne laissent paraitre la transparence des fenêtres ouvertes au regard du passant. Dans ces espaces domestiques tout est clair, sobre et lisse. On est au pays du design. Mais les soirées du samedi soir dans les rues de Copenhague laissent entrevoir des débordements largement défouloirs. Un besoin de franchir la ligne rouge ? Au-delà de ce phénomène hebdomadaire, peu de mélange culturel et social dans les rues, des discours laissant supposer que l’homogénéité est plus cultivée que la différence et que le rapport à la norme est la clef de laréussite.
La visite de Christiana est intéressante pour comprendre les mutations à l’œuvre. Si la communauté est toujours présente, deux choses frappent l’œil et l’oreille du touriste : l’accueil dans le quartier sous la harangue des vendeurs de cannabis qui se font concurrence et l’implantation de magasins légèrement hypes (réparation et vente de cycles dernier modèle ou bien de vêtements de marque). Une évolution certaine qui laisse un goût un peu amer face aux vestiges de l’ancien « quartier libre ».
Reste cette douceur de vivre reposant sur l’élégance urbaine, un raffinement certain et ce confort qui permet à le développement d’une urbanité dans toutes ses composantes.
Pour aller plus loin :
Les communautés locales danoises : quelles innovations sociales à la périphérie des villes ?
Nicolas Escach
p. 91-106
https://doi.org/10.4000/nordiques.3280